« Le château du Rouët est implanté dans le grand terroir ʺFréjusʺ. Domaine de la famille Savatier, il compte parmi ceux qui ont participé à la toute jeune dénomination de terroir “Fréjus Côtes de Provence”. »
Il faut avoir vu un jour un coucher de soleil printanier sur le massif de l’Estérel et la forêt qui le borde. Les flancs de la montagne, faits de roches rouges, flamboient tandis que les chênes lièges verdoient d’un éclat sans pareil. Magnifique !
On se dit alors que la Nature est belle. Tout à la joie de ce spectacle, on oublie qu’elle peut être aussi cruelle. En quelques heures, Matthieu Savatier propriétaire du Château du Rouët, sur les hauteurs de Roquebrune-sur-Argens, a vu le travail de toute une vie, une partie de son patrimoine, partir en fumée le 27 juillet 2003. Sommé de réagir, le jeune vigneron entreprend la diversification de son activité, à la mode paysanne, sans précipitation, avec sagesse et modestie. Fort d’un diplôme en œnologie et d’un DESS gestion des entreprises, il développe une petite société de négoce. Les vins de Pays provençaux qu’il sélectionne avec soin, séduisent peu à peu de grands distributeurs de boisson.
Pour eux, il invente bientôt de nouveaux produits, des vins de plaisir, des produits de Terroir, avec un marketing affuté. Ainsi, le « Out of the blue », un rosé bien rond dans une bouteille bleue avec une étiquette argentée. La fantaisie paie : en un trimestre, il écoule l’équivalent d’une année de vente de son rosé « ancienne formule ».
Qu’on ne s’y trompe pas : tous ces produits « tendance » ne sont qu’un “plus”. La vraie richesse de Matthieu Savatier, sa fierté, c’est sa gamme de crus AOC Côtes de Provence : Estérelle, 1840, La fameuse Belle Poule qui fait la notoriété de la propriété depuis plus de 20 ans, de jolis vins, fruits d’un savoir-faire qui se transmet depuis cinq générations. « Directeur d’un chantier navale à la Seyne, Lucien Savatier, mon grand-oncle a développé le domaine, un ancien relais de diligence, à la Belle Epoque. Plusieurs années plus tard, il a aussi développé les vignes existantes depuis l’antiquité. Pour des raisons pratiques, la richesse à cette époque est en effet la forêt. Les vignes et les pêches étaient un complément, un excellent pare-feu. Et puis, il s’est pris au jeu.ʺ
Un siècle a passé et, grâce, notamment, au travail de Bernard, le père de Matthieu, fin œnologue lui aussi, le domaine a perduré, s’est épanoui. Il produit désormais 600.000 bouteilles dont près de un tiers en rouge. « On a le terroir pour, avec une terre silicieuse, relativement acide qui donne des rouges puissants, de vrais vins de garde, comme le Forum Julii, le fleuron de la gamme, lancé en 2007 sous l’appellation Côtes de Provence Fréjus (une dénomination de terroir, en fait). A peine était-il commercialisé qu’il figurait déjà dans les meilleurs guides !