« Des vignes au cœur de Fréjus et aux alentours de cette ancienne cité romaine. Si Fréjus a donné son nom à l’une des dénominations de terroir des Côtes de Provence, il ne reste guère de vignes sur le territoire de l’ex-Forum Julii. Une vieille famille du cru perpétue néanmoins la tradition : Jean Ollivier et les siens continue d’exploiter le vignoble développé par les générations précédentes. »
Des vignes en plein cœur de Fréjus, tout près des arènes et des vestiges de l’aqueduc romain ! Et pas qu’un peu : une belle parcelle dans le Vallon de Valescure, trois hectares de sols sablonneux et fertiles, plantés de rolle. Une oasis citadine. De la voir comme ça, longée par l’avenue Léotard et ses files ininterrompues de voitures, ça vous fait tout drôle. Vrai : ce coin de campagne en cœur de ville vous met soudain en tête le parfum rafraichissant d’un paradis perdu.
Perdu il n’y pas si longtemps, en fait. Quoi ? Un demi-siècle peut-être. Car il y a deux générations en arrière, cette terre généreuse était encore cultivée par une armée de paysans : maraîchers, vignerons, arboriculteurs ou pépiniéristes. Leurs champs, leurs vergers, leurs vignobles descendaient alors lentement jusqu’à la mer. Mais cette époque est révolue, les lotissements et les immeubles ayant poussé plus gaillardement ces trente dernières années que les cerisiers, les abricotiers, les pêchers ou les pruniers.
Aujourd’hui, de toutes les familles qui ont un jour vécu de cette belle nature, il n’en reste plus qu’une : les Ollivier. Elle veille — allez le croire ! — sur le… Jas des Oliviers, une exploitation de plus d’une vingtaine d’hectares répartis sur différents sites, aux quatre coins du canton. Située dans la basse vallée de l'Argens, en bordure des étangs de Villepey, la parcelle des Etangs nourrit de ses merlots, cabernets, carignans et grenaches des vins de pays du Var. Aux portes du vieux village de Roquebrune-sur-Argens, la parcelle de Roquebrune, ses grenaches et calendocs sont dédiés aux vins de pays des Maures. En bordure de l’Estérel, classée pour l’essentiel en Côtes de Provence et, pour 50 ares à peine, en Côtes de Provence Fréjus, les terrasses caillouteuses de Sainte-Brigitte accueillent du mourvèdre, du cinsault et du grenache dont les Ollivier font leurs meilleurs rouges et rosés. Enfin, il y a la Madeleine, la fameuse parcelle de rolle qui borde l’avenue Léotard.
Ce vignoble morcelé est le fruit d’un siècle d’histoire familiale. Car les Ollivier sont fréjusiens de longue date et, viticulteurs de père en fils depuis plusieurs générations. « De père en filles », devrait-on dire aujourd’hui. Car la génération montante est 100% féminine. « Avec Christiane, mon épouse, nous avons eu trois filles : Myriam, Magali et Mireille », raconte Jean, Si toutes contribuent à la bonne marche du domaine, Mireille est sans aucun doute celle qui a le plus pesé sur le devenir du Jas des Oliviers. « Jusqu’en 1932, ma famille a vinifié ses raisins, raconte Jean. Et puis, mon grand-père s’est décidé à rejoindre la coopérative de Fréjus. Emile, mon père, et moi-même nous sommes longtemps satisfaits de ce système. Jusqu’au début des années 2000, quand Mireille, tout juste titulaire d’un BTS viti-œno, m’a proposé de reprendre notre indépendance. »
La fougue de la jeunesse a alors eu raison des habitudes paternelles. Jean et sa fille aménagent leur cave. Le renouveau du Jas passe aussi par le vignoble que l’on étend en plantant syrah, grenache, chardonnay et autre rolle sur 9 hectares consacrés jusque-là aux cultures fruitières. « Depuis, on a également planté de la clairette ou encore du tibouren que l’on attend pour la vendange 2011. » Des efforts payants. Si les débuts furent difficiles, Jean et les siens le concèdent aisément, leurs vins se sont peu à peu affirmés jusqu’à décrocher une médaille d’argent au Concours Générale Agricole de Paris, en 2009. Une première pour la famille. C’est Jean qui doit être fier de sa fille !